Chronique de Sulpice O. Gbaguidi:Comme à l’entraînement !

Chronique de Sulpice O. Gbaguidi

Une pluie de buts est tombée sur le stade de l’amitié lors du passage de l’équipe nationale de football de la Côte d’Ivoire. Les Eléphants ont sévèrement puni les Ecureuils par un score de tennis (6-2) ce 05 juin où Nadal remportait Rolland Garros face à son meilleur ennemi Roger Fédérer. La correction subie à domicile par le onze national se mue en humiliation. Le monde du football béninois s’emballe dans la consternation. Le peuple se meut dans l’exaspération. La honte s’installe et prend du volume comme ce fut naguère à Windoek et le 8-2 historique.

Sans forcer, la Côte d’Ivoire a offert le Bénin en spectacle. Elle n’avait d’ailleurs pas besoin de puiser dans ses ressources physiques et techniques pour mettre à genou une équipe condamnée à perdre. Didier Ya Konan sur un centre en or du remuant et insaisissable Gervinho a vite ouvert le festival ivoirien qui s’achèvera par le chef d’œuvre de Wilfried Guemiand Boni. Didier Drogba, comme d’habitude, était de la fête par une bonne signature de doublé. L’illusion béninoise n’a duré que le temps d’un inutile doublé de Sessegnon, coupable d’un exploit fratricide. Les locaux ont eu alors l’outrecuidance de réduire deux fois le score. Mais la victoire contre-nature promise en fanfare la veille par quelques rêveurs impénitents s’est transformée en cauchemar. Les reliques du football et le reliquat de la mauvaise conscience ne pouvaient produire que du néant sous l’effet du vent de la parole creuse.

Didier Drogba et ses copains se sont baladés devant des adversaires avachis, qui ont excellé dans l’art de tourner en rond. Guillaume Bèmènou exposé aux missiles ivoiriens, s’est occupé à un va-et-vient épouvantable dans ses filets, aidé par une défense en divagation. L’attaque en récréation bénéficie de la médiocrité d’un milieu de terrain clairsemé et malmené. La défense pourtant décimée des Eléphants a royalement réduit Omotoyossi et Poté à des courses inutiles.

L’élégante Côte d’Ivoire a su affoler le marquoir face à une équipe famélique, trop faible pour éviter le score fleuve et le naufrage à domicile. Ce 6-2 avilissant, jamais infligé aux pauvres Ecureuils à Cotonou, répond à une logique de défaite conclue sous une accumulation de péchés de tous ordres. Tous les ingrédients de l’échec étaient réunis.

La crise à la Fédération Béninoise de Football (Fbf) a tout empoisonné et tout miné. Elle a compromis les résultats et proposé la voie du suicide. Plongée dans de sempiternelles querelles d’intérêts, la Fbf se ruine et se dérobe à ses obligations. L’affairisme y est porté en triomphe. On s’amuse avec le football pour mieux remplir sa bourse. Au nom du football, on dilate ses envies interdites dans une traumatisante et exécrable perfidie des couloirs.

La foire d’empoigne dans la jungle de la Fbf n’a pas manqué d’impact. La minable production de jeu est à l’image de la préparation catastrophique imposée aux Ecureuils. Le brouillon servi dans le bouillon de la culture de l’improvisation a naturellement déteint le jeu et refoulé le positif. L’encadrement technique s’est révélé une épée. Ses choix aveugles ont achevé le pourrissement.

Le Bénin était dans la nécessité de perdre et le devoir d’être humilié. La merveilleuse et sympathique Côte d’Ivoire a fait du bon boulot en mettant sur le gazon cotonois les bourreaux bénis pour écraser les Ecureuils agonisants. Cette déroute du onze national a dû apporter la joie à nos frères ouest-africains sortis d’une atroce guerre civile.

Le 6-2 infligé aux poulains de Fortuné Glèlè à domicile devant charlatans, escrocs et imposteurs est thérapeutique. On avait soif de la pédagogie de la défaite dans un contexte où il ne manquait que la dynamique de l’échec pour discipliner la Fbf et ramener tout le monde sur terre. Une nouvelle défaite au Burundi devrait faire du bien à notre football.

Le Bénin est déjà éliminé. C’est une bonne nouvelle. Malheureusement, le gâchis va se poursuivre, au bonheur d’une clique de jouisseurs, asservis aux prébendes.

6-06-2011, Sulpice O. GBAGUIDI

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