Chronique de Sulpice O. Gbaguidi:Sous un vent de dissolution !

Chronique de Sulpice O. Gbaguidi

La lourde défaite à domicile en éliminatoire de la Coupe d’Afrique des Nations (Can) va sans doute accoucher d’une dissolution du staff technique des Ecureuils. Le Chef de l’Etat en a fait une exigence depuis dimanche nuit, quelques heures après la flagellation infligée au onze national. Le cinglant 6-2 hérité de la visite des Eléphants a mis le pays en état de choc et souillé la fierté nationale avec les sciures du déshonneur.

Boni Yayi a vite réagi à la punition proposée à l’équipe nationale de football sous la chicotte ivoirienne. Le tout nouveau ministre des sports, à peine sorti de l’antre en feu des Ecureuils, a reçu l’instruction brûlante. De l’heureuse colère du Chef de l’Etat, Didier Akplogan en sort l’essentiel destiné au président de la Fédération béninoise de Football (Fbf) à qui est fait l’injonction d’une dissolution de l’encadrement technique et le recrutement dans les prochains jours d’un autre staff. A chaud, le pouvoir exaspéré, prend le glaive de la dissolution. L’acte est du déjà vu, pas en intention ni en exigence. Une dissolution fantaisiste amusa la galerie aux lendemains de la piteuse et scandaleuse Can Angola 2010. On avait fait de la participation sportive une expédition purement mercantile. Jusqu’ici, le bilan provoque l’allergie malgré l’évaporation des milliards.

Cette fois, l’initiative de dissolution vient du gouvernement et non de l’agitation d’une association de lunatiques, d’affairistes et surtout de quelques ambitieux prisonniers de leur cupidité. Anjorin Moucharaf, capitaine du navire en ruine sur le baromètre, se bat contre les vagues. Mais, on connait le destin du paralytique qui refuse de chercher dans l’immobilité le moyen d’éviter des chutes. La dissolution et le recrutement confiés à une Fbf toxique risque d’être transformés en vernis dans l’amidon des faux-semblants.

L’origine du venin qui tue le football est pourtant connu de tous. La seule dissolution du staff technique apparait comme un moyen de mouvoir dans l’éther prospectif. Il faut aller au-delà de cet acte quoique vertueux du renvoi de la bande d’encadreurs pour qui tous les matchs sont illisibles. Sur le banc, les daltoniens trempés dans la confusion ne peuvent donner, au mieux, que des consignes falotes à leurs poulains en errance sur le rectangle vert.

Les vrais coupables de la débâcle des Ecureuils ne sont pas tous sur le terrain ni sur le banc. Il y en avait au niveau de la tribune officielle, acteurs invétérés d’une crise qui tue le football. L’élimination honteuse de l’équipe nationale est une remise en cause de la gestion du football. L’effet dissolution localisé au staff et la parade impunie des prédateurs du jeu demeureront des boîtes à outils d’où s’échappera la médiocrité. Le règlement de la crise à la Fbf reste la clé de la remise en route pour des succès éclatants. Il faut sauver le football en se libérant de son propre orgueil, de l’esclavage de l’argent et d’une étroitesse d’esprit doublée d’élans primitifs.

La dissolution d’un staff relégué à la poubelle par les Eléphants et monsieur Drogba est intéressante. Mais cela pèse en service minimum face à l’immonde chute à domicile. Les Ivoiriens savent apprécier les sanctions d’une humiliation après leur séjour au camp sous le Général Guéi. Yayi n’a pas besoin de faire subir au coach infortuné des Ecureuils le sort du technicien nord-coréen condamné aux travaux forcés aux lendemains du calvaire de la Corée du Nord en Coupe du monde.

L’option de la dissolution va, il est vrai, mettre du baume au cœur à un peuple abusé. Mais, il faut aller plus loin en cessant tout investissement dans le football. Une Fifa à fleur de peau pourra s’en offusquer. Tant pis !

7-06-2011, Sulpice O. GBAGUIDI

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