Willy Sagnol et le  » joueur typique Africain  » : un procès inutile, une polémique hypocrite

Dire que Willy Sagnol l’entraîneur des Girondins de Bordeaux a tout à faux de définir le prototype du joueur africain comme : » un joueur pas cher quand on le prend, prêt au combat généralement, qu’on peut qualifier de puissant sur un terrain » est malhonnête.
Définissons ensemble jusque dans les années 1990 le profil du footballeur Africain. Le footballeur africain est-il est moins cher ? La réponse est oui. Est-il puissant sur le terrain ?Oui, est-il souvent prêt au combat ? C’est encore oui. Hypocrisie mise à part, nous-mêmes africains reconnaissons ces qualités à nos joueurs africains. Combien de fois n’avons-nous pas conseillé à nos enfants, à nos frères africains qui ont la chance de signer un contrat en Europe : « Tu as déjà la puissance, tu as déjà la condition physique , le mental de battant , là –bas ils vont t’apprendre la tactique ; la discipline , le positionnement , et les différents systèmes de jeu » , c’est la preuve que nous même étions conscients de nos forces et de nos carences . Nous demandons à nos joueurs africains de complémenter leur formation et d’acquérir davantage ce qui leur manque chez ‘’le blanc’’, puisque qu’on avait ni les moyens, ni les compétences de le leur transmettre.
Au-delà du physique, le joueur africain est parfois technique, mais manque de culture tactique.
IL est où le débat ?Depuis quand avons-nous vraiment commencé par enseigner, la tactique, la discipline et l’intelligence dans le jeu à nos enfants ?
Quelques clichés ont la vie dure, ils sont acceptables sans aucune once de discrimination quand ils sortent d’une « bouche noire », mais deviennent des relents racistes quand c’est une « bonne blanche » qui les prononcent. C’est à la fois simpliste et réducteur.
Le Nigérian joue du « soka » et ne mange que de l’igname, le camerounais est rugueux sur l’homme et ne joue jamais sans son marabout, l’ivoirien était le technicien de l’Afrique noire francophone , les allemands ne sont que des canonniers , les italiens tricheurs qui jouent à 11 derrières. Les joueurs français frileux et peureux sont comme leurs journalistes sportifs, ils n’ont que la bouche pour papoter. Nous connaissons tous ces clichés, nous les disions et lesécrivions sans être taxés de racistes anti blanc, ni anti –nigérian . Ce mauvais procès contre Willy Sagnol n’a pas sa raison d’être.
Willy Sagnol va encore plus loin quand il déclare « (….) Mais le foot ce n’est pas que ça. Le foot c’est aussi de la technique, de l’intelligence, de la discipline. Il faut de tout. Des Nordiques aussi, c’est bien les Nordiques, ils ont une bonne mentalité »
Il a fallu l’avènement de l’académie Jean- Marc GUILOU en Côte d’ivoire (1993), le centre KADJI Sport Académie du Cameroun, et plus récemment en 2003, le centre Diambars de Dakar pour qu’au-delà de vrais projets éducatifs qui accompagnent les enfants dans leur construction identitaire, l’enseignement de la tactique, de la discipline, de l’intelligence de jeu soient formalisés.
Combien de vrais centres de formation avons-nous au bénin ? Au Togo ? Au Burkina faso ?
Le seul vrai de formation au Bénin (CIFAS) a été obligé de faire appel à des expatriés (PatrickAussems , ex directeurs technique national et d’autres ) pour rehausser le niveau technique et l’intelligence de jeu des apprenants , malgré le remarquable effort des formateurs locaux.
Le joueur africain coûte moins cher, c’est indéniable. Oui la coupe d’Afrique qui a lieu tous les deux mois pénalisent les clubs français et européens qui utilisent le contingent africain. Rappelons-nous aussi les déclarations de José Mourinho à propos des joueurs africains, le procès de Willy Sagnol ne devrait pas avoir lieu.
Quelles sont les prestations des équipes Africaines au mondial ?
Les propos de Willy Sagnol devraient au contraire, nous pousser à des réflexions plus profondes dans le management de nos centres de formations pour répondre efficacement au nouveau défi du football mondial. Ce ne sont plus seulement les africains qui sont prêts au combat, qui sont puissants et durs au mal, les scandinaves nous rattrapent, les sud-américains ne nous envient plus, le nier serait une erreur. Au niveau rapport qualité-prix nous sommes bon marché, la réflexion doit aller dans ce sens et pousser davantage à de grandes réformes. Nos prestations aux différentes joutes mondiales devraient nous pousser à l’humilité au lieu de perdre le temps à chercher la petite bête dans des propos certes maladroits, mais pertinents. Il n’est pas question dans les propos de Willy Sagnol de l’apport ou non des joueurs africains dans l’équipe de France, ni du nombre de noirs dans les bleus, ni de la stigmatisation d’une catégorie de joueurs en fonction de leur couleur, le débat est ailleurs.
Willy Sagnol doit plaider la maladresse et le manque de finesse,même s’il a dit tout haut ce que beaucoup de gens pensent tout bas. Il ne revient qu’aux africains que nous sommes, de prendre le train des exigences du football mondial qui évoluent sans cesse. Le football de demain sera encore plus rapide, plus technique et plus business. Il est encore temps de mettre en place des structures, des formations, des compétences, des volontés politiques pour répondent, sinon autant resté chez soi et organisé le mondial des pays de l’Afrique noire sur le continent, surtout que les pays magrébins ont compris depuis longtemps le message de Willy Sagnol et devraient lui répondre « tais toi l’ancien. »

Wenceslas Teko (Marseille)

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