France : Emmanuel Imorou, désormais responsable des médias et de la communication.

Retraité depuis deux ans, Emmanuel Imourou s’est reconverti au sein du service presse de la Berrichonne de Châteauroux. Il revient sur ses nouvelles missions, et comment il a vécu cette saison particulière, au cours de laquelle son club formateur a été sous la menace d’une relégation en National 2.

Quelles sont vos missions les soirs de match ?

Ça ne sera pas la même chose sur un match à domicile ou à l’extérieur. Je ne fais pas les déplacements avec l’équipe. Nous sommes trois à la communication. À l’extérieur, le CM (community manager) fait les déplacements avec l’équipe et notre alternant le rejoint par ses propres moyens, pour qu’ils soient deux à couvrir le match pour la photo, la vidéo, pour les réseaux sociaux et pour gérer la presse sur place. De mon côté, je regarde le match à la télé pour faire notamment le résumé du match.

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À domicile, on prépare les choses un peu plus tôt. Je dois notamment faire le listing presse des journalistes présents, etc. Au moment du match, je suis avec mon collègue CM et je l’aide en cas de besoin sur le live tweet par exemple. Ma mission principale est sur le résumé et puis j’organise la conférence de presse d’après-match.

Pour un match exceptionnel comme celui de vendredi, vous vous êtes déplacé ?

Oui, vendredi, je me suis déplacé, mais plus en qualité de supporter en réalité.

Comment avez-vous vécu ça ?

Comme tout le monde (rires). Avec forcément une part de stress. Il y a deux façons de vivre les choses : quand on est acteur et quand on est spectateur. Paradoxalement, je trouve que c’est plus facile à gérer quand on est acteur. Quand on est extérieur au match, on subit. C’est frustrant et encore plus stressant de se dire que l’on attend et que l’on verra bien. Dans les moments difficiles, quand on prend le second but (qui permet à Paris 13 Atlético d’égaliser, NDLR) et que l’on voit Robinet qui marque à Nancy (le but de l’ancien goaleador de la Berri mettait les Castelroussins en position de relégable), c’était vraiment stressant. Et j’étais impuissant.

Vous avez retrouvé les émotions que vous avez pu connaître comme joueur ?

Oui et non. Je les retrouve toujours quelque part les soirs de match, c’est comme ça que j’ai transposé l’adrénaline que j’ai perdue en arrêtant le foot.

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J’ai fait une sorte de transfert, mais c’est évident que ça ne peut pas être aussi intense, vu que je ne suis pas acteur. Donc, oui, il y a cette adrénaline, mais elle est forcément moins intense.

Vendredi, au regard des enjeux de la rencontre, cette adrénaline devait tout de même être forte pour tous les salariés du club ?

Déjà, c’est vrai, qu’on était pas mal de salariés à avoir fait le déplacement parce qu’effectivement il y avait un gros enjeu. En cas de descente, on ne savait pas trop à quelle sauce on allait être mangés. Mais, peut-être que ça fait partie de ma personnalité, quand je subis l’événement et que je ne peux rien n’y faire, même si j’avais à cœur d’y être pour encourager l’équipe, je me dis que ma présence ne change rien. Que je sois dans le stade ou devant ma télé, je ne vais rien changer sur le déroulement du match. Après, le fait de se déplacer montre que l’on est impliqués, que l’on soutient les joueurs qui sont là, donc symboliquement c’était assez fort d’être plusieurs salariés à être présents au match.

Comment était l’ambiance dans les bureaux ces derniers jours ?

L’ambiance générale est forcément un peu délicate. Il y a beaucoup de rumeurs, beaucoup de choses qui se disent. Et puis, au-delà de ça, la situation sportive est assez compliquée et tendue, mais à la com’, on est plutôt jeunes, dynamiques, donc on rigole. L’idée, ce n’est pas d’aller au travail avec la boule au ventre et d’être dépressifs au travail. Même s’il y avait cette incertitude qui planait au-dessus de nos têtes, ça se passait bien, même si l’ambiance globale n’était pas au top. Ce qui est on ne peut plus logique.

Les scènes de joie de la fin du match, vous les vivez comment ?

Je les vis tranquillement dans le sens où je me dis que l’essentiel est fait, mais, et j’en reviens toujours à la même chose, j’ai beaucoup intériorisé les choses parce qu’en n’étant pas acteur, c’était beaucoup moins intense que ce que j’ai pu vivre avant. Et surtout, pour moi, même si mon avenir était en jeu, c’était un moment qui appartient aux joueurs. Je n’ai pas crié partout, il n’y a pas eu d’effusion de joie, mais j’étais content, soulagé, libéré. On est restés un peu sur Paris avec mon collègue et des potes, c’était bien.

Vu que c’est le moment des joueurs, avec les salariés présents sur place, vous n’êtes pas allés faire la fête dans le vestiaire ?

En tout cas, pas moi, mais je pense que personne n’y est allé. Les joueurs ont vécu une année compliquée. Ce n’était pas ce qui était attendu et espéré en début de saison. Je pense qu’ils avaient conscience de l’importance de ce match et qu’une fois qu’ils ont réussi à obtenir le maintien, ils avaient besoin de savourer entre eux. Après, comme le stade était très petit, on s’est tous croisés et ils nous ont salué et on a discuté, mais on les a laissés profiter entre eux. Il n’y a que mon collègue de la com’ qui était là pour les photos.

Et puis vous deviez avoir votre résumé à faire !

(Rires) Et oui, j’étais de l’autre côté en train de pondre mon résumé, donc je les ai laissés tranquilles.

Quelques heures plus tard (l’interview a été réalisée samedi après-midi), où en êtes-vous par rapport à tout ça ?

Je suis dans la lignée de vendredi soir. Je suis assez tranquille, je me dis que c’est une bonne chose de faite. Ça continue et la réalité, c’est que c’est normal. À mes yeux, Châteauroux devrait être au moins en Ligue 2. Même si on est passés à côté de quelque chose qui aurait pu être une catastrophe, c’est la moindre des choses d’être à ce niveau-là donc je n’ai pas non plus besoin de sauter au plafond pour me dire que je suis en National avec Châteauroux. J’ai assez de recul pour me dire que ça reste le minimum.

Ça vous fait quoi de faire le début de votre après-carrière à Châteauroux ?

Ça représente beaucoup. C’est ma région. Étant de Bourges, Châteauroux c’est juste à côté. Et puis je suis formé ici, j’ai passé trois ans au centre, trois ans comme pro même s’il y a eu un an où j’étais prêté. Sur le plan symbolique, retourner dans mon club formateur, celui qui m’a tout donné, qui m’a permis d’avoir une carrière. C’est fort de débuter au même endroit ma carrière de footballeur et ma carrière d’après. D’autant plus que c’est la même personne, Patrick Trotignon, qui m’a fait signer mon premier contrat professionnel et qui m’a proposé de revenir pour mon après-carrière. Ça fait beaucoup de symbolique forte. Je suis forcément fier d’être de retour ici et d’aider ce club pour qu’il puisse retrouver la Ligue 2 à moyen terme.

Recueilli par Ludovic Aurégan

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