La Fifa est une mafia. On ne sait pas toujours ce qui s’y passe. Des équipes suspendues aux transferts de joueurs, un tas de magouilles se font. Voici un article d’un partenaire à beninfootball, Paulo Teixeira, agent FIFA depuis 1997,ancien agent de Roberto Carlos, Simao et autre Raymond Kalla sur la lenteur administrative dont peut faire preuve la FIFA quand un dossier ne l’arrange pas.
Il y a quelques années, un joueur brésilien est venu me demander de l’aide : un club avait bloqué sa lettre de sortie et il ne pouvait plus jouer. À Rio, je suis allé voir Joao Havelange, président de la FIFA à l’époque. Avec son air attentif et posé, il m’écouta et me demanda tout juste le nom du joueur. Par la suite, il consulta son agenda pour voir son emploi du temps et me donna rendez-vous à Zurich.
Deux mois plus tard, comme convenu, je me suis présenté au siège de la FIFA, à l’époque sur la charmante colline Sonnenberg. Une juriste – Ruth Huppi – m’attendait et m’invita dans son bureau. Elle prit le téléphone et je pouvais écouter la voix du secrétaire général de la Fédération hongroise trembler de l’autre côté. Cinq minutes plus tard, Ivanoé Cirne Junior pouvait rejouer au ballon. Dans mon quartier, on appelle ça avoir de l’AUTORITÉ.
Si vous êtes avocat, agent ou simple représentant d’un club et vous voulez porter une plainte, appelez la FIFA maintenant. On vous passera la Commission du Statut du Joueur et vous allez entendre : « Pour ouvrir un dossier, il faut entre 3 à 5 semaines. »
En tous cas, c’est ce que m’a dit en janvier 2011, Milena Isahiah, la juriste responsable du dossier Filipe Chalegre. Et elle rajouta : « Nous avons renforcé notre effectif. Maintenant en 5/6 mois les dossiers sont réglés. » Je l’ai cru, j’ai payé ce qu’elle (FIFA) a demandé – 3.000 FCH – et je n’ai plus de nouvelles depuis un an et demi. Malgré les relances.
Un autre cas, celui du club Dauphins FC du Cameroun. Introduit en décembre 2010, frais payés – 5.000 FCH – en avril, dernière correspondance en août 2011. Depuis, la juriste Eliane Kuster a disparu dans les couloirs de la Glass House : la dernière fois que j’ai réussie à lui parler (janvier prochain j’allumerai une bougie), elle me disait être « surchargée ». La standardiste me remet dans la réalité : « Ici, si vous voulez avoir quelqu’un il faut appeler soit tôt le matin, soit après la pause déjeuner. À partir de 16 heures, ils ne sont plus disponibles. » Parce que, évidemment, il y a les réunions, les déplacements, les congés maternité, les congés-congés, la semaine de 35 heures, les pauses-café, les journées de récup….
Et encore un autre cas, encore plus grave : le club Campo Grande, au Brésil, réclame une indemnité de formation concernant un joueur qui a été inscrit – sans transfert – à la Reggina, en Italie. Maja Kuster Hoffman, chef du département et chargée du cas, m’a fait payer 4.000 FCH pour les frais de services. Presque deux ans après, le dossier n’a même pas de numéro et la juriste ne réagit pas au courrier. L’avocat du club me le rappelle : « La FIFA ne peut pas prendre l’argent d’un club et ne pas donner suite. Ça s’appelle de l’appropriation indue. »
Et puis, ce dossier-dénonciation envoyé il y a plus d’un an à la requête de la jeune (j’imagine) juriste Isahiah, sur 12 jeunes brésiliens arrivés en Italie sans lettre de sortie (ITC), sous l’escamotage ‘primo tesseramento’ – premier enregistrement. Zéro nouvelle depuis.
Il y a encore beaucoup d’autres dossiers, mais pour ne pas prendre trop votre temps, restons sur le désormais fameux cas Kabananga, celui où le RSC Anderlecht refuse obstinément de payer l’indemnité de formation en se basant sur l’ahurissant concept émis par le directeur général Herman Van Holsbeeck : au Congo, avec un salaire de 250 francs CFA (20 centimes d’euro), Kabananga était déjà pro. Ce dossier a bien un numéro et a changé de main trois fois en un an. Le juriste en charge, Jan Kleiner, m’a annoncé par e-mail en juillet qu’il quittait la maison et m’a proposé ses services en dehors, au cas où… Dans son dernier courrier, arrivé il y a une semaine, la remplaçante Michaela Levandowski me demande de lui ramener séparément une déclaration de chaque club par où le joueur est passé, établissant son statut – amateur ou professionnel. Autrement, elle ne donnera pas suite. Dommage, personne à la formation ne lui a dit que le foot au Congo est amateur… La FECOFA (Fédé congolaise), elle, est sous le choc.
Pas étonnant que les grands clubs européens, quand il s’agit d’une opération d’un joueur africain ou sud-américain, se foutent de l’article 20 et l’annexe 4 du règlement FIFA. Comme m’explique un avocat de l’ECA (European Clubs Association) : « Les clubs savent des retards de la FIFA et en profitent pour repousser les paiements. »
L’AUTORITÉ n’y est plus, les compétences encore moins.
Par Paulo Teixeira
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